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316 MARMION.

manderais au démon chargé de sa vengeance, que de m’accorder un seul jour ; l’incendie du monastère, et les cris des prêtres égorgés sur leurs autels, lui paieraient ce court retard ; mais hélas ! ….. ma vue se trouble…. Maudite soit la lance écossaise qui m’a percé le sein ; et doublement maudit mon bras trop faible pour parer le coup de la mort ! Voilà le juste prix de ma trahison.

Il retombe privé de ses sens et soutenu par le moine tremblant.

XXXII.

Clara s’efforce, mais en vain, d’étancher sa blessure ; le prêtre répète toutes les saintes oraisons de l’Église ; Marmion s’écrie qu’il n’entend que la voix d’une femme qui répète sans cesse :

Je vois la fuite et l’épouvante

Déshonorer ses étendards,

Et j’entends sa voix expirante

Se mêler aux cris des fuyards.

— Eloigne-toi, spectre fatal, dit le moine ; ne viens point troubler les derniers momens du pécheur ! Regarde, mon fils, regarde ce signe de la grace divine ; pense à la foi et à l’espérance…. J’ai souvent prié au lit de la mort, j’ai vu souvent les ames des pécheurs quitter ce monde de misère ; mais je n’ai jamais vu d’agonie aussi cruelle !

Le tumulte de la bataille, qui avait cessé un moment, redouble tout à coup ; le cri de Stanley parvient aux oreilles de Marmion ; une lumière passagère éclaircit ses traits et brille dans ses yeux à demi éteints ; sa main mourante agite au-dessus de sa tête le tronçon de son épée, et il s’écrie : — Victoire ! courage, Chester ! courage, Stanley ?

Ce furent les derniers accens de Marmion.

XXXIII.

Cependant l’approche des ombres de la nuit ne ralentit pas la fureur des combattans ; les guerriers écossais se serrent en désespérés autour de leur prince. Où sont donc