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308 MARMION.

que l’Angleterre se presse dans le défilé ? Qui retient donc l’ame bouillante de Jacques ? Pourquoi ce chevalier des belles, inactif sur son coursier, laisse-t-il Surrey conduire impunément ses phalanges entre son camp et la rive méridionale de la Tweed ? Que fais-tu, monarque de la Calédonie, de ton épée de chevalier errant ? O Douglas, où est ton génie ? Brave Randolphe, où est ton activité ? Que n’avons-nous à notre tête, pour une heure seulement, le grand Wallace ou le roi Bruce ! Que ne peuvent-ils ordonner la bataille et crier Saint-André et nos droits ! Ce jour eût été témoin d’un tout autre événement, le destin eût arraché une page de son livre fatal, et Flodden eût été un autre Bannock-Burne.

L’heure précieuse est déjà loin ; l’armée anglaise a gagné la plaine ; ses phalanges se déploient en cercle autour de la colline de Flodden.

XXI.

Marmion n’avait pas encore aperçu les drapeaux de Surrey, que Fitz-Eustace s’écria : — J’entends un tambour anglais ; je vois des escadrons qui gravissent l’espace contenu entre la Tweed et la colline. Voilà les fantassins, les cavaliers et l’artillerie : advienne ce qu’il pourra… C’est lord Surrey lui-même que je reconnais sur le Till !…. Voilà de nouvelles troupes… encore… Avec quel ordre elles sortent du bois, les bannières déployées !… comme leurs armes sont brillantes ! Saint George : ne peut-il revenir de l’autre monde pour voir les étendards glorieux de sa belle Angleterre ?

— Finis tes acclamations, dit Blount ; tu ferais mieux d’écouter les ordres de milord.

Marmion, l’œil étincelant, disait : — Que tous mes gens se mettent en marche ; traversons la rivière ; allons joindre Surrey. Si le roi Jacques accepte la bataille (il l’acceptera ou il y sera forcé), que lady Clara demeure derrière nos lignes pendant l’action.

CHANT SIXIÈME. 309