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DE CADYOW

Le plomb de la mort vole….. le coursier tressaille….. La voix du tumulte retentit….. le panache de Murray vacille, le tyran tombe pour ne plus se relever.

Quel est le ravissement du jeune homme amoureux qui entend celle qu’il aime lui avouer qu’il a touché son cœur ! Quelle est la joie d’un père qui perce de sa lance le loup dont la dent cruelle a blessé son fils bien-aimé !

Mais il fut mille fois plus doux pour moi de voir rouler l’orgueilleux Murray dans la poussière, et d’entendre son âme perfide s’échapper avec un douloureux gémissement.

L’ombre de ma Marguerite errait près de là ; elle a pu contempler sa victime sanglante ; elle a pu faire retentir à son oreille presque insensible : — Souviens-toi des outrages de Bothwellhaugh.

Noble Châtellerault, hâte-toi donc, déploie tes bannières ; que tous tes guerriers s’arment de leurs arcs. Murray n’est plus, l’Écosse est libre !

Tous les guerriers courent à leurs coursiers ; leurs clameurs sauvages se mêlent aux sons bruyans de leurs cors : — Murray n’est plus, s’écrient-ils, l’Écosse est libre….. Arran, prépare ta lance….

….. Mais le charme magique qui avait abusé le ménestrel a cessé….. Je ne vois plus les fers étincelans des piques ; les cris de guerre expirent avec la brise, ou se perdent dans le murmure de l’Evant solitaire.

Les sifflemens du merle ont remplacé les fanfares sonores du cor, et les tours crénelées d’Evandale sont de nouveau cachées sous le lierre.

Au lieu de ces Chefs armés pour la vengeance et excitant leurs clans au carnage, je n’aperçois plus qu’une noble beauté, qui dirige avec grâce les rênes de soie de son coursier.

Puissent la paix et le plaisir sourire long-temps aux dames qui daignent écouter le ménestrel ! qu’elles embellissent long-temps de leur présence les rives fleuries d’Evandale !