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lui-même sans oser avancer, mais des qu’il sent la pointe aiguë de l’éperon et le mors qui presse sa bouche, il part, et franchit avec une double vitesse les plaines et les collines.

X.

Les courtisans prétendaient que la dame de sir Hugh Heron avait tout pouvoir sur le cœur de Jacques ; elle était venue à la cour, servir d’otage à son mari, lorsque celui-ci fut accusé du meurtre du brave Cessford. Sir Hugh avait envoyé son épouse pour obtenir son pardon du roi.

Mais ce n’était pas à cette dame seule que ce prince galant rendait hommage. La reine de France lui avait fait remettre son gant et un anneau de turquoise, pour le prier de rompre une lance en qualité de son amant et de son chevalier, de s’avancer l’espace de trois milles vers le sud, et de déployer ses enseignes sur les terres des Anglais. Jacques n’avait pas hésité à se revêtir de la cotte de mailles pour l’amour de la reine de France : c’est ainsi qu’en admettant dans ses intimes conseils une belle Anglaise, et en se sacrifiant au caprice d’une princesse étrangère, il préparait lui-même sa ruine et celle de son royaume ; cependant ni la belle Anglaise, ni la reine de France ne valaient une seule des larmes que versaient les beaux yeux de Marguerite. Solitaire dans le palais de Lithgew, Marguerite passait ses jours à pleurer.

XI.

Pendant que la reine d’Ecosse gémit de la guerre que le prince devait porter dans sa patrie, et des dangers que son époux allait courir, lady Heron se prépare en souriant à charmer la cour par les sons de l’harmonie ; son bras élégant s’arrondit autour digne harpe, ses doigts en parcourent les cordes, son sein se soulève et s’abaisse sous la gaze légère qui en voile les contours ; elle essaie sa voix avant de chanter, adresse au roi un regard tendre et se détourne aussitôt ; elle sourit en rougissant, et répète

CHANT CINQUIÈME. 275