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LE CHÂTEAU

fois plus doux encore d’écouter les derniers soupirs d’un tyran.

Le roi puissant des forêts calédoniennes, que je vois percé de vos javelots, parcourait avec fierté les vallons et les collines ; mais avec plus d’orgueil encore s’avançait le lâche Murray, au milieu des flots du peuple, dans la ville de Linlithgow.

Il venait en triomphe des frontières ravagées, et Knox, oubliant pour lui l’orgueil de sa dévotion, souriait en contemplant la pompe qui entourait le traître.

Mais la puissance avec tout son orgueil, la pompe avec tout son éclat, peuvent-elles ébranler le cœur qui a juré de se venger ? peuvent-elles arrêter les projets du désespoir ?

J’arme ma carabine, et je choisis un poste secret et obscur comme le coup que je médite ; j’attends que les lanciers de l’Écosse et les archers de l’Angleterre défilent près de moi.

Morton, odieux instrument des assassinats, s’avance le premier à la tête d’une troupe armée ; je reconnais les plaids bariolés des clans sauvages de Macfarlane, qui agitent leurs larges claymores.

Je vois Glencairn et Parkhead, qui tiennent humblement les rênes du coursier de Murray ; je vois Lindsay, dont l’œil implacable ne fut point ému des larmes de la belle Marie.

Au milieu d’une forêt de piques surmontées de bannières, flottait le panache du régent ; à peine s’il pouvait faire un pas, tant ses flatteurs se pressaient autour de lui.

Sa visière était haute, ses yeux parcouraient les rangs de ceux qui l’entouraient, il brandissait son glaive comme pour donner des ordres à ses soldats.

Cependant la tristesse mal dissimulée qu’on lisait sur son front trahissait un sentiment de doute et de crainte ; quelque démon lui disait tout bas : — Défie-toi de Bothwellhaugh outragé.