Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
DE CADYOW

Il y a peu de temps que les coupes s’emplissaient encore jusqu’au bord dans Woodhouselee, lorsque, fatigué des travaux de la guerre, Bothwellhaugh revenait gaiement dans ses foyers.

Il venait de quitter sa Marguerite, qui, à peine délivrée des douleurs de la maternité, belle et touchante comme une rose pâle, nourrissait son enfant nouveau-né.

Fatal changement ! ces jours ne sont plus, les barbares satellites du perfide Murray n’ont fait que passer, la flamme hospitalière du foyer domestique est devenue un incendie dévastateur.

Quel est ce fantôme à demi nu qui erre avec désespoir sur les bords qu’arrose l’onde mugissante de l’Evan ? ses bras tiennent un enfant….. serait-ce la rose pâle d’Hamilton ?

Le voyageur égaré la voit se glisser à travers le feuillage, il entend avec terreur sa voix faible et plaintive. — Vengeance ! s’écrie-t-elle, vengeance sur l’orgueilleux Murray ! Plaignez les malheurs de Bothwellhaugh !

Ainsi parle le seigneur de Paisley ; des cris de rage et de douleur se font entendre au milieu des Hamiltons. Le Chef se relève soudain, et tire à demi du fourreau sa redoutable épée. —

Mais quel est cet homme qui franchit avec tant de rapidité les broussailles, le torrent et le rocher ? sa main, armée d’un poignard sanglant, s’en sert pour exciter son coursier harassé de fatigue.

Son front est pâle, ses yeux étincellent comme ceux d’un homme poursuivi par une apparition. Le sang souille ses mains, sa chevelure est en désordre…..

C’est lui, c’est lui, c’est Bothwellhaugh !

Il abandonne son coursier haletant et près de succomber ; il brise contre terre sa carabine, fumante encore d’un meurtre récent.

— Il est doux, dit-il d’une voix farouche, il est doux d’entendre résonner le cor dans les forêts ; mais il est cent