Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/269

Cette page n’a pas encore été corrigée

rait combattre pour une telle patrie ! Lindesay sourit en voyant : ce transport, que Marmion ne chercha pas à réprimer par un regard sévère.

XXXI.

Cependant une musique guerrière vint réveiller soudain les échos de la montagne ; c’étaient les sons réunis du clairon et du cor, du fifre et du tambour, du psaltérion et des cymbales ; en même temps l’airain des cloches invitait les fidèles à prier. Lindesay dit à Marmion : — Cette musique se fait entendre chaque jour, lorsque le roi va assister au saint sacrifice soit à l’église de Sainte-Catherine-de-Sienne, soit à la chapelle de Saint-Roch ; ces concerts belliqueux sont pour vous la voix de la gloire, ils ne me rappellent à moi que les plaisirs moins dangereux de la chasse et les fanfares de nos cors dans les bois de Falkland, alors que chaque cavalier se faisait un point d’honneur d’arriver le premier à la défaite du cerf.

XXXII.

— Je ne puis d’ailleurs m’empêcher de gémir, ajouta-t-il, quand je contemple cette reine du nord sur les collines qui lui servent de trône, l’enceinte royale de son palais, son château inexpugnable, ses vastes édifices et ses temples saints ; je ne puis m’empêcher, dis-je, de gémir en pensant que peut-être la fortune nous prépare des désastres funestes, et que ces mêmes cloches annonceront les funérailles de notre prince valeureux, ou appelleront aux armes les citoyens paisibles… — Mais n’allez pas croire, chevalier, malgré ce sinistre pressentiment, que la conquête de l’Ecosse soit assurée ou facile : non sans doute, non… Dieu est le maître de la victoire, il brise la lance et le bouclier des conquérans ; vous-même, lord Marmion, vous reconnaîtrez, quand vous attaquerez cette armée de sujets fidèles, vous reconnaîtrez qu’elle est assez redoutable pour faire verser bien des larmes aux veuves d’Albion ; jamais guerriers ne furent plus fiers que les nôtres, jamais prince n’égala Jacques en bravoure.