Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

de parler, et interrompit le juge ; des sons inarticulés s’échappèrent de ses lèvres agitées d’un mouvement convulsif. Dans les intervalles de silence qui succédaient à ses gémissemens étouffés, on entendait sous les voûtes un bruit semblable au murmure lointain d’un ruisseau : c’était le mugissement des vagues, car les murailles de ce souterrain étaient si épaisses, qu’à peine y aurait-on distingué le fracas d’une tempête malgré la proximité de la mer.

XXVI.

Constance fit un dernier effort qui refoula son sang prêt à se glacer dans son cœur, son œil se rouvrit, une légère teinte de rose reparut sur ses lèvres, mais faible comme celle dont un orage d’automne laisse parfois l’empreinte passagère sur les sommets de Cheviot. En parlant elle cherchait encore à recueillir ses forces pour le moment terrible qui approchait… Qui n’eût été touché de voir tant de courage dans une femme si belle ?

XXVII.

— Je ne veux point implorer ma grace, dit-elle ; je sais bien que je demanderais en vain que ma vie fût prolongée d’une minute. Je ne prétends point non plus réclamer et obtenir vos prières ; si la mort lente que je vais souffrir ne suffit pas pour racheter mes fautes, toutes vos messes pourraient-elles davantage ? J’ai écouté les séductions d’un traître, j’ai quitté le couvent et le voile, j’ai pendant trois années fait fléchir mon orgueil jusqu’à me confondre sous les habits d’un page parmi les serviteurs de celui que j’aimais ; qu’il a bien puni la folie de l’infortunée qui lui avait sacrifié toutes ses espérances dans ce monde et dans l’autre !… Il vit Clara… plus belle et plus riche que Constance, elle lui fit oublier ses sermons ; hélas ! — Je ne suis pas le premier exemple de la perfidie des hommes ; mais si le destin n’avait pas trompé mes désirs, jamais femme trahie n’eût été vengée comme moi.

CHANT SECOND. 228

XXVIII.