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XX.

Devant ces trois juges étaient deux coupables ; mais quoique condamnés tous deux au même supplice, un seul mérite notre intérêt. Un habit de page déguise son sexe. Le pourpoint et le manteau négligemment noué ne peuvent cacher tous ses charmes. Elle ramène sa toque sur ses yeux ; elle cherche à couvrir le faucon et les armes de Marmion brodés sur son sein.

Mais par l’ordre de la prieure, un exécuteur découvrit la tête de l’accusée, et dénoua le ruban de soie qui tenait prisonnières les boucles de ses longs cheveux. Alors on reconnut Constance de Beverley, sœur professe de Fontevrault, que l’Église mettait déjà au nombre des morts pour avoir violé ses vœux et abandonné le cloître.

XXI.

La pâleur empreinte sur ses traits formait un pénible contraste avec l’éclat de ses beaux cheveux. Son maintien assuré, son regard calme, annonçaient une fermeté et une constance à toute épreuve. Immobile, elle était si pâle. que, sans le souffle de sa respiration, sans le léger mouvement de ses yeux et les ondulations de son sein, indices non équivoques de la vie, on aurait pu la prendre pour une de ces statues de cire que l’artiste a revêtues des formes humaines et d’un faux air d’existence.

XXII.

Son complice était une de ces ames sordides qui vendent le crime au poids de l’or, et ne connaissent d’autre frein que la peur, car leur conscience depuis long-temps a cessé de faire entendre sa voix. Ils n’ont d’autre but que la satisfaction (le leurs lâches désirs : tels sont les instrumens que l’enfer emploie pour ses forfaits les plus terribles : car ces ames n’ont aucune vision, aucun spectre pour les épouvanter dans la nuit ; la crainte de la mort peut seule les arrêter.

Ce misérable portait le froc et le capuchon ; il n’avait pas honte de hurler, de se rouler par terre comme un

CHANT SECOND. 221