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CHANT PREMIER.

du champ de bataille ; et où Home et Douglas, conduisant l’avant-garde, culbutèrent le clan de Buccleuch qui battait en retraite, jusqu’à ce que le sang du brave Cessford eût teint la lance d’Elliot.

xxxi.

Fronçant le sourcil, il se hâta de s’éloigner des lieux qui lui offraient de si tristes souvenirs, et vit bientôt, malgré l’obscurité, la Tweed rouler ses belles eaux, et Melrose montrer ses antiques murailles. Il vit s’élever la sombre abbaye, telle qu’un éminent rocher tapissé de lichen. En passant par Hawick, il avait entendu sonner le couvre-feu, maintenant on chantait les laudes dans Melrose. Les sons mourans de cette harmonie solennelle arrivaient jusqu’à lui, semblables à ceux de cette harpe magique qui ne sont produits que par le souffle des vents. Mais quand il entra dans Melrose, un profond silence y régnait. Il mit son coursier à l’écurie, et se rendit dans l’enceinte solitaire du couvent.


Ici la harpe cessa de se faire entendre, le feu du ménestrel s’éteignit aussitôt, son courage l’abandonna. Il baissa la tête d’un air confus, et, jetant un regard timide sur les dames qui l’entouraient, il semblait chercher à lire dans leurs yeux si elles étaient contentes de ses accords. N’osant croire aux louanges qu’il recevait, il parla du temps passé, et dit que la vieillesse et sa vie errante avaient rendu sa harpe moins juste et sa main moins sûre.

La duchesse, ses aimables filles, et toutes les dames qui avaient écouté le ménestrel, donnèrent chacune son tour des éloges à ses chants. — Sa voix était sonore, sa main fidèle à la mesure, et elles désiraient l’entendre encore. Encouragé de cette manière, le vieillard, après quelques instans de repos, continua en ces termes.