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LE LAI DU DERNIER MENESTREL

que le brave enfant dompterait un jour l’orgueil de la licorne ; et ferait triompher le croissant et l’étoile[1].

xx.

La mère oublia un moment son dessein ; un instant, pas davantage. Elle s’arrêta sous la porte cintrée, jeta un coup d’œil maternel sur son fils, et, du milieu de cette troupe de guerriers, appela William Deloraine.

xxi.

C’était un maraudeur aussi déterminé qu’on en vit jamais sur les frontières. Les yeux bandés il aurait trouvé son chemin à travers les sables de Solway et les marais de Tarras. Par son adresse, par son agilité, il avait cent fois donné le change aux limiers les plus acharnés de Percy. Il n’existait pas un seul gué dans l’Eske ou le Liddel, qu’il ne connût et qu’il n’eût passé. La saison, la force des courans n’étaient rien pour lui : les neiges de décembre ou la verdure de juillet, une nuit sans lune ou l’aube du matin, tout lui était indifférent. Jamais pillard chargé des dépouilles du Cumberland n’eut l’âme plus ferme, le bras plus vigoureux. Cinq fois il avait été proscrit par le roi d’Angleterre et par la reine d’Écosse.

xxii

— Sir William Deloraine, prouve que tu sais me servir au besoin ; monte sur ton meilleur coursier, n’épargne pas l’éperon, et ne t’arrête que lorsque tu seras arrivé sur les bords de la Tweed ; cherche le moine de Sainte-Marie dans le saint édifice de Melrose ; salue ce père de ma part, et dis-lui que l’heure fixée par le destin est arrivée. Il veillera cette nuit avec toi pour obtenir les trésors de la tombe : car c’est la nuit de Saint-Michel ; quoique les étoiles soient obscurcies, la lune brille de tout son éclat ; et la croix d’un rouge de sang te montrera le sépulcre du puissant magicien.

xxii.

— Aie soin de ce qu’il te donnera. Ne t’arrête point ; ne

  1. Allusion aux armoiries des Scotts et à celles des Cars. — Ed.