Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/110

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vertes de mousse. Sont-ce les vagues du Teviot qui se brisent contre la rive escarpée ? Est-ce le vent qui agite les branches des chênes ? Est-ce l’écho des rochers ? Quel peut être ce son lugubre qui murmure autour des tourelles antiques de Branksome ?

xiii

À ce son triste et solennel, les limiers répondent par des hurlemens, et le hibou épouvanté pousse des cris funèbres du haut des tours qu’il habite. Dans la grande salle, le chevalier comme l’écuyer jurent qu’un orage va éclater. Ils approchent d’une fenêtre pour regarder le ciel ; la nuit est belle et sans nuage.

xiv

Mais la dame savait fort bien que ce son formidable n’était ni le gémissement du Teviot luttant contre le flanc de la montagne, ni le sifflement du vent entre les chênes, ni l’écho des rochers, ni le bruit précurseur d’une tempête : c’était l’Esprit des Eaux qui parlait, et qui appelait l’Esprit de la Montagne.

xv
l’esprit des eaux.

— Dors-tu, frère ?

l’esprit de la montagne.

— Non, frère. Les rayons de la lune se jouent sur mes montagnes depuis Craig-Cross jusqu’à Skelf-Hill-Pen. Près de chaque ruisseau, dans chaque vallée, de joyeux esprits exécutent des danses légères au son d’une harmonie aérienne ; ils forment des cercles d’émeraudes sur la bruyère : vois leurs pieds agiles, écoute leur douce musique.

xvi
l’esprit des eaux.

— Les pleurs d’une jeune fille captive altèrent mes eaux ; Marguerite de Branksome, accablée de douleur, gémit à