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GLENFILAS

flots azurés. Nous sommes les filles du fier Glengyle.

Parties ce matin pour venir chasser le chevreuil dans la forêt de Glenfinlas, le hasard nous a fait rencontrer le fils du grand Mac-Gillianore.

Aide-moi donc à chercher ma sœur et le lord Ronald, égarés sans doute dans le bois. Je n’ose me hasarder seule dans des sentiers où l’on trouve, dit-on, des fantômes cruels.

— Oui, dit le ménestrel, il est en effet des fantômes à redouter : je dois accomplir mon vœu et achever ici la prière nocturne que j’ai juré de prononcer pendant le sommeil des autres hommes.

— Ah ! daigne d’abord, au nom de la douce pitié, guider une chasseresse solitaire ! il faut que je traverse le bois et que je revoie avant le jour le château de mon père.

— J’y consens ; mais répète avec moi trois Ave et trois Pater ; baise la sainte croix, et alors nous pourrons poursuivre notre route en sûreté.

— Honte à un chevalier tel que toi ! Va te couvrir la tête du froc d’un moine : cet ornement convient à ton vœu étrange !

Jadis, dans le château de Dunlathmon, ton cœur ne fut point de glace pour l’amour et le bonheur ; alors ta lyre harmonieuse chantait les appas séduisans de Morna, et tu aurais tout fait pour un de ses sourires.

Les yeux du ménestrel étincelèrent, exprimant tour à tour la colère et l’effroi. Ses noirs cheveux se hérissèrent sur sa tête, et son teint changea plusieurs fois de couleur.

— Et toi, dit-il, pendant que je chantais Morna et l’amour auprès du foyer de Dunlathmon, planais-tu sur la sombre fumée du foyer ou sur l’aile de l’orage ?

Non, non, tu n’es point d’une race mortelle ni la fille du vieux Glengyle ; ta mère fut la fée des torrens, ton père le roi des mines.

Moy répéta trois fois l’antienne de saint Oran, et trois