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LE LAI DU DERNIER MENESTREL

pris ni par la ruse ni par la force, de peur que les Anglais Scroop, Howard ou Perey ne viennent de Warkkworth, de Naworth ou de Carlisle, menacer les tours majestueuses de Branksome

vii

Tel est l’usage du château de Branksome. Maint chevalier y habite ; mais où est celui qui fut leur chef ? Son épée se rouille contre la muraille, à côté de sa lance rompue. La mort du puissant lord Walter sera long-temps un sujet de chants pour les bardes. Quand les citoyens d’Edimbourg effrayés s’enfuirent au loin pour éviter les fureurs de la guerre des frontières. ; quand les rues de la ville virent briller les lances, et les glaives se rougir dans le sang ; quand on entendit pousser le cri terrible du slogan[1], ce fut alors que le Chef de Branksome reçut le trépas :

viii

La piété peut-elle calmer la discorde ? Peut-elle éteindre les feux d’une guerre à mort ? Que peuvent les prières du chrétien, l’amour de la patrie et la divine charité ? En vain des guerriers se rendent en pèlerinage dans tous les lieux saints ; en vain ils implorent la clémence du ciel pour les Chefs qu’ils ont eux-mêmes massacrés ; tant que Cessford sera soumis aux descendans de Car, tant qu’Ettrick se fera gloire d’obéir à ceux de Scott, jamais, jamais on n’oubliera les Chefs qui ont péri, le carnage et les désastres de la guerre féodale.

ix

Les belliqueux forestiers s’étaient inclinés douloureusement sur le cercueil de lord Walter ; les jeunes filles et les matrones du vieux Teviot y avaient répandu des larmes et jeté des fleurs ; mais l’épouse du guerrier ne répandit pas de larmes sur sa bière sanglante, elle ne la décora pas de fleurs. Le désir de la vengeance avait tari dans son

  1. Cri de guerre écossais. — Ed.