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Il vient sécher vos pleurs et calmer vos soupirs.
Les justes de la loi, ces hommes de desirs,
De leur foi toujours vive auront la récompense.
Il vient, tout l’univers se leve à sa présence :
L’agneau saint de son sang va sceller le traité
Qui nous réconcilie à son pere irrité.
Chargé de nos forfaits sur la croix il expire,
Et du temple aussi-tôt le voile se déchire.
Aux prophanes regards le lieu saint fut livré :
Le dieu qui l’habitoit s’en étoit retiré.
De ce temple fameux la gloire étoit passée ;
La vile sinagogue alloit être chassée :
Les tems étoient venus, où régnant dans les cœurs
Dieu vouloit se former de vrais adorateurs,
Et donnant à son fils une épouse plus sainte,
Devoit répudier l’esclave de la crainte.
Mortels qui jusqu’ici répandiez tant de pleurs,
Tristes enfans d’Adam, bannissez vos douleurs.
Du sang de Jesus-Christ l’église vient de naître,
La nuit est dissipée, et le jour va paraître.
Il arrive ce jour si long-tems attendu,
Ce jour que de si loin Abraham avoit vu.
Le saint tant desiré, tant prédit par vos peres,
Vous annonce aujourd’hui la fin de vos miseres.
Sortez, humains, sortez de la captivité ;
Ce dieu qui pour toujours vous rend la liberté,
Ne veut plus que son peuple en esclave le craigne :
Sa Grace et son amour vont commencer leur régne.