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Tu le peux, mais souvent tu veux qu’il te désarme,
Il te fait violence, il devient ton vainqueur.
Le combat n’est pas long, il ne faut qu’une larme.
Que de crimes efface une larme du cœur !

Jamais de toi, grand Dieu, tu nous l’as dit toi-même,
Un cœur humble et contrit ne sera méprisé.
Voilà le mien, regarde, et reconnais qu’il t’aime ;
Il est digne de toi ! La douleur l’a brisé.

Si tu le ranimais de sa première flamme,
Qu’il reprendrait bientôt sa joie et sa vigueur !
Mais non, fais plus pour moi : renouvelle mon âme,
Et daigne dans mon sein créer un nouveau cœur.

De mes forfaits alors je te ferai justice,
Et ma reconnaissance armera ma rigueur !
Tu peux me confier le soin de mon supplice :
Je serai contre moi mon juge et ton vengeur.

Le châtiment au crime est toujours nécessaire ;
Ma grâce est à ce prix, il faut la mériter.
Je te dois, je le sais, je te veux satisfaire
Donne-moi seulement le temps de m’acquitter.

Ah ! plus heureux celui que tu frappes en père !
Il connaît ton amour par ta sévérité.
Ici-bas, quels que soient les coups de ta colère,
L’enfant que tu punis n’est pas déshérité.