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de redescendre à la condition commune, elle est tout entière en faveur de Voltaire. Il a été comblé de louanges et de présents par les grands, par les princes, par les rois, et par les papes même. L'impératrice de Russie lui a fait dresser une statue. Le roi de Prusse lui a souvent adressé des compliments en prose et en vers. Rousseau, au contraire a été tourné en ridicule par Catherine II et par Frédéric. Cependant il a vu le roi de Pologne, Stanislas-le-Bienfaisant, prendre la plume pour le réfuter ; et en cela même, sa gloire me paraît préférable à celle de son rival. Philippe de Macédoine distribuait des couronnes aux vainqueurs des jeux olymjiques ; mais Alexandre y aurait combattu, s'il avait vu des rois parmi les combattants. Il est plus glorieux d'avoir un roi pour rival que pour patron, sur-tout lorsqu'il s'agit du bien des hommes.

Après tout, ce ne sont pas les rois qui décident du mérite des philosophes, mais la postérité qui les juge d'après le bien qu'ils ont fait au genre humain. Si donc nous les comparons dans ce point important, qui est le