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n'a point entraînés, et qui ont conservé du naturel : aussi on en rencontre fréquemment dans les pays libres ; on les voit paraître aussi dans les guerres civiles, ou sous le gouvernement des rois qui encouragent tous les hommes, et qui détruisent, par leur génie, toute l'aristocratie des partis et des corps ; enfin on en voit dans tous les états où les hommes ont la liberté de leurs opinions et de leur conscience. Alors chacun suit les instincts variés que lui a donnés la nature ; chacun se met à sa place : alors paraissent les hommes héroïques. C'est ainsi que sous Henri IV, après les guerres de la Ligue, et sous Louis XVI, nous avons vu se former tant de grands hommes, comparables, les premiers, par leurs vertus, à ceux du siècle de Jules-César; les autres, par leurs talents, à ceux du siècle d'Auguste. Après les guerres civiles, comme après les mouvements de fièvre, le sang s'épure, et les corps reprennent leur vigueur.

Cette distinction du caractère naturel et du caractère social, m'a paru nécessaire pour bien faire comprendre une chose que disait Rousseau : Je suis d'un naturel hardi et d'un