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honorés, et les bonnes actions sans récompense. Elle remplit enfin l'esprit de la jeunesse de contradictions, en insinuant, suivant les auteurs qu'on explique, des maximes républicaines, ambitieuses et dénaturées. On rend les hommes chrétiens par le catéchisme païen, par les beaux vers de Virgile : Grecs ou Romains, par l'étude de Démosthène ou de Cicéron ; jamais Français. On les élève au-dessus de leur siècle par les traits d'héroïsme de l'antiquité, et on les met au-dessous des bêtes par des châtiments qui les avilissent.

L'effet de cette éducation si vaine, si contradictoire, si atroce, est de les rendre, pour toute leur vie, babillards, cruels, trompeurs, hypocrites, sans principes, intolérants : voilà, parmi nous, l'effet d'une bonne éducation.

Voyons ce que le monde y ajoute : ils n'ont tous remporté du collège que le désir de remplir la première place en entrant dans la société ; que la vanité qui se laisse conduire par l'amour des louanges, et la crainte du blâme. Les femmes et les livres les pénètrent