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brusque ou patient, sont des différences nécessaires au plan de la nature, qui destinait l'homme à remplir sur la terre une infinité d'emplois très-variés, et qui a varié de même les inclinations, les goûts, et j'ose dire les instincts de l'homme. Chacune de ces différences est bonne en elle-même. J'ai une si haute opinion de la sagesse des lois de la nature, que si chaque homme remplissait la place à laquelle elle l'a destiné par son caractère, il y serait le plus grand et le plus extraordinaire qui y eût paru.

On est forcé, pour trouver des preuves de l'excellence du caractère naturel de l'homme, de recourir aux peuples les plus voisins de la nature. Tous nos voyageurs n'en parlent qu'avec éloges ; je n'en citerai qu'un seul, mais dont le témoignage ne doit pas être suspect à ceux mêmes qui se plaisent à calomnier la nature humaine: c'était un homme chargé par le gouvernement d'observer les peuples de l'Amérique septentrionale.

« Ce qui surprend infiniment, dit-il, dans des hommes dont tout l'extérieur n'annonce rien que de barbare, c'est de les voir se