Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/237

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ils ont enrichi tant de libraires ! Je n'en ai pas tiré 20,000 Iiv. ; encore si j'avais reçu cet argent à-la-fois, j'aurais pu le placer ; mais je l'ai mangé successivement, comme il est venu. Un libraire de Hollande, par reconnaissance, m'a fait 600 liv. de pension viagère, dont 300 liv. sont réversibles à ma femme après ma mort ; voilà toute ma fortune : il m'en coûte 100 louis pour entretenir mon petit ménage, il faut que je gagne le surplus.

Pourquoi n'écrivez-vous plus ? — Plût à Dieu que je n'eusse jamais écrit ! c'est là l'époque de tous mes malheurs ; Fontenelle me l'avait bien prédit. Il me dit quand il vit mes essais : Je vois où vous irez ; mais, souvenez-vous de mes paroles : je suis un des hommes qui ont le plus joui de leur réputation ; la mienne m'a valu des pensions, des places, des honneurs et de la considération ; avec tout cela, jamais aucun de mes ouvrages ne m'a procuré autant de plaisir, qu'il m'a occasioné de chagrin. Dès que vous aurez pris la plume, vous perdrez le repos et le bonheur. Il avait bien raison. Je ne les ai retrouvés