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dont les orbites disparaissaient quand il riait. Toutes ces passions se peignaient successivement sur son visage, suivant que les sujets de la conversation affectaient son âme ; mais dans une situation calme, sa figure conservait une empreinte de toutes ces affections, et offrait à-la- fois, je ne sais quoi d'aimable, de fin, de touchant, de digne de pitié et de respect[1].

Près de lui était une épinette sur laquelle il essayait de temps en temps des airs. Deux petits lits, de cotonnade rayée de bleu et de blanc, comme la tenture de sa chambre, une commode, une table et quelques chaises faisaient

  1. On voit chez M. Necker un portrait de J.-J. Rousseau fort ressemblant ; mais de toutes les gravures qu'on a données de lui au public, je n'en ai vu qu'une seule où l'on reconnût quelques-uns de ses traits : c'est une grande estampe de 10 à 12 pouces, gravée, je crois, en Angleterre ; il y est représenté en bonnet et en habit d'arménien. On pourrait faire un bon portrait de lui d'après le buste de M. Houdon, qu'on voit à la Bibliothèque du Roi. Cet habile sculpteur l'a modelé, dit-on, après sa mort : il s'était refusé pendant sa vie aux instances de tous les artistes.