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elle tourne, tourne, entraînant dans une danse giratoire ses longues écharpes vertes, et ses voiles dorés… Les arbres, à peine atteints, fuient en tous sens, comme des soldats pris de panique…



Le lilas André Theuriet.[1]


Quand on va lentement à pied, même en voiture, chaque arbre sur la route est un petit événement. On l’accoste, on reconnaît son essence, on le salue, on lui parle… On dit :

— C’est un chêne !

— Ah ! voici un orme… un peuplier… un platane.

— Tiens ! un sycomore… qu’est-ce qu’il fait là ?

Et l’on sort de son ombre pour entrer dans une ombre nouvelle…

Il vous revient des histoires amusantes…

Un jour — la vie a de ces rencontres, — je me promenais avec M. André Theuriet, au Jardin d’acclimatation. M. Theuriet — on le sait — est l’Amant de la nature. Mieux que personne au monde, il connaît les bois et les sous-bois. C’est même par là qu’il est entré dans la littérature, à l’Académie, dans l’Immortalité… J’étais fier, vous pensez, de marcher aux côtés d’un tel homme, parmi toutes ces choses qu’il connaît si bien… Et j’allais en apprendre des mystères !… Tout à coup, M. Theuriet s’arrêta devant un groupe d’arbustes.

— Ah ! ah !… fit-il.

Et il parut intrigué…

  1. Écrit en mars 1906.