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Tapirs.


Il y a mieux qu’une odeur de mer sur ces quais… On y respire les Îles et tout un fiévreux parfum d’Afrique. On voit passer des nègres qui grelottent, des oiseaux qui secouent, parmi des cris rauques, une infinité de couleurs, des troupes de singes, curieux, bavards, où nous aimons toujours à mirer nos grimaces, des animaux de toute sorte.

J’ai assisté au débarquement de vingt tapirs. Admirables bêtes et bien modernes, quoique l’on sente qu’elles se sont arrêtées dans leur évolution, dont l’idéal terminus est peut-être le porc et peut-être l’éléphant. Ils ne paraissaient étonnés ni de la foule, ni de la ville… Ils ne paraissaient étonnés de rien. Ils considéraient tout avec une tranquillité pesante, une assurance impassible et dure. On eût dit de vingt directeurs de banque — tout un conseil d’administration — revenant d’un voyage d’études, d’une exploration économique, et qui rentraient dans leurs bureaux, plus lourds d’affaires nouvelles.


Minstrels.


Entourés de badauds, ouvriers, commis, petits marmitons de bord, deux nègres… deux pauvres nègres, en habit noir, chapeau de haute forme, comiquement cabossé,