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conférences, des laboratoires… beaucoup d’argent… Nous organisons des expositions épatantes… avec des concours de chant… Un vrai conservatoire… mais pas de musique… ah ! ah !… non, sacré mâtin !… un conservatoire de… enfin vous savez ce que je veux dire… C’est passionnant.

Il m’apprit qu’il n’y avait qu’un seul moyen de reconstituer une race dégénérée : l’inceste.

— Ainsi vous prenez, je suppose, deux cochins fauves… Ils ont des tares inadmissibles, ignobles, dégoûtantes, criminelles, telles, par exemple, que des plumes grises, noires ou blanches… des culottes étriquées, pas assez bouffantes… des queues trop longues… Enfin, il reste en eux des mélanges anciens, des influences disparates… Eh bien, vous les isolez dans un parquet… Bon… Ils ont des couvées… Bon !… Vous sélectionnez, sans faiblesse, la poule et le coq, c’est-à-dire le frère et la sœur que vous mettez carrément à la reproduction… Et ainsi de suite, de couvées en couvées… Peu à peu, les influences étrangères s’atténuent, les mélanges disparaissent… Après cinq, six générations, vous avez retrouvé tous les caractères bien définis, toutes les vertus ataviques, toute la pureté première de la race. Ah ! c’est passionnant.

Il ajouta :

— Pour les hommes, ma foi !… je n’ai point essayé…

Et il me poussa du coude légèrement :

— Hé ! hé ! Dites donc ? Faudrait peut-être essayer ça… en France, où la race s’en va… s’en va…

Je vis, dans un parquet, des oiseaux extraordinaires que, tout d’abord, je pris pour des rapaces. Droits comme des hommes et juchés sur de hautes pattes sèches, nerveuses, armées de terribles éperons, le poitrail bombant, serré dans un justaucorps de plumes bleuâtres,