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et exalté ses bienfaiteurs, Vespasien et Titus, on ne peut mettre en doute ni la compétence du narrateur, ni la véracité générale de la narration. Or, ce récit, qui se recommande aux spécialistes par l’abondance et la précision des détails relatifs aux opérations militaires[1], est en même temps le tableau, émouvant par sa froideur même, d’une des plus tragiques catastrophes nationales que l’histoire ait enregistrées. Ce journal de l’agonie d’un peuple, c’est quelque chose comme le second livre de l’Énéide, sorti, non de l’imagination d’un poète, mais des souvenirs d’un témoin bien informé. Plus d’un qui a relu ces pages pendant l’Année terrible, au milieu des angoisses du siège de Paris et de la Commune de 1871, y a retrouvé comme une image anticipée des hommes et des choses d’alors, avec cette atmosphère « fièvre obsidionale » qui engendra tant d’héroïques dévouements et d’aberrations criminelles.

L’Autobiographie forme comme un complément de la Guerre judaïque. Ce sont les mémoires piquants d’un général d’insurrection malgré lui, auquel peut s’appliquer le mot éternellement vrai de la comédie : « Je suis leur chef, il faut que je les suive. » Seulement Josèphe ne les a pas suivis jusqu’an bout.

Le quatrième et dernier ouvrage de Josèphe, la Défense du judaïsme connue sous le titre impropre de Contre Apion, n’est pas le moins précieux. L’auteur, arrivé à la pleine maturité de son talent, s’y révèle polémiste ingénieux, apo-

  1. Un extrait de la Guerre, sous le titre de Siège de Jérusalem, figure dans la Bibliothèque de l’armée française (Paris. Hachette, 1872).