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perdre dans la mer Erythrée ; l’Euphrate est appelé Phorat[1], c’est-à-dire dispersion ou fleur, et le Tigre, Diglath[2], ce qui exprime à la fois l’étroitesse et la rapidité ; enfin le Géon[3], qui coule à travers l’Egypte, dont le nom indique celui qui jaillit de l’orient ; les Grecs l’appellent Nil.

4[4]. Dieu donc invita Adam et la femme à goûter de tous les végétaux, mais à s’abstenir de la plante de l’entendement, les prévenant que, s’ils y touchaient, ils s’attireraient la mort. À cette époque où tous les animaux parlaient une même langue[5], le serpent, vivant en compagnie d’Adam et de la femme, se montrait

  1. Héb. פרת. Josèphe, en proposant deux traductions, voit dans le mot hébreu, soit la racines פיד (ou פיץ), soit la racine פיה (ou פרה) ; la première signifie, en effet, dispersion, et la seconde, fleur. Philon (Leg. alleg., I, 23) traduit par καρποφορία « fertilité » ; il pensait sans doute à פרה, fructifier.
  2. Diglath n’est pas hébreu, mais araméen (Onkelos et Pseudo-Jonathan, Gen. II, 14) ; en assyrien, c’est diķlat ou idiķlat. En réalité, Josèphe traduit l’hébreu חִדָּקֶל qu’il décompose sans doute en deux mots ; de là les deux termes de ὀξύ et de στΞνότης. La question est de savoir comment il le décompose. Peut-être, comme le propose Siegfried (op. cit.), Josèphe a-t-il vu dans hiddékel : had = ὀξύ et dak avec un ל terminal comme dans רביל ; mais le mot dak signifie « fin », et non « étroit ». Dans Gen. R., XVI, le mot hiddékel est décomposé en חַד « aigu » et קוֹל « voix » ou קָל « rapide » ; ὀξύ correspondant assez à חַד et à קָל mais στΞνότης ? Gesenius (Geschichte der hebr. Sparche) distingue dans hiddékel : had = ὀξύ et dékel, équivalent un peu altéré de Tigris qui signifie « flèche », « cours rapide ». Josèphe l’entendait peut-être ainsi, à moins, enfin, qu’il n’ait eu dans l’esprit, non pas l’hébreu hiddékel, mais uniquement la transcription diglath, où il a pu reconnaître ainsi que nous le suggère M. Israël Lévi, les racines דַּק « mince, étroit « et דלג « bondir ».
  3. Le Géon. Josèphe transcrit l’hébreu גיחוֹן par Γηών, les LXX Γηῶν. Sa traduction « Celui qui jaillit » indique qu’il pensait à la racine גוח et ne prend pas la même racine hébraïque que Philon, qui traduit Gihon par στήθος « poitrine » ou κέρατίζων « qui frappe avec les cornes » (Leg. alleg., I, § 21), ce qui donne deux étymologies différentes גחון et נגח.
  4. Gen., III, 1.
  5. Cf. Philon, De opif. mundi, M I, p. 37, λέγεται τὸ παλαιὸν … ὄφις ἀνθρώπου φωνὴν προίεσθαι, « on dit qu’autrefois le serpent émettait une voix humaine ». Le Livre des Jubilés, ch. III, fin, dit que les animaux parlaient à l’origine une seule et même langue, et que Dieu leur ferma la bouche après que le serpent eut séduit Ève. Ceci se retrouve plus tard dans le Livre d’Adam, œuvre chrétienne (voir Roensch, Das Bush der Jubiläen, Leipzig, 1874, p. 341).