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hébreu, signifie roux[1], parce que c’est avec de la terre rouge délayée qu’il fut formé ; c’est bien, en effet, la couleur de la vraie terre vierge. Dieu fait passer devant Adam les animaux selon leurs espèces, mâles et femelles, en les désignant[2] ; il leur donne les noms qui sont encore usités aujourd’hui. Puis, considérant qu’Adam n’a pas de compagne à qui s’unir (en effet il n’existait pas de femme), et qu’il s’étonne de voir les autres animaux pourvus de femelles, il lui enlève une côte tandis qu’il dort, et en forme la femme. Adam, quand elle lui fut présentée reconnut qu’elle était née de lui-même. La femme s’appelle essa[3] en hébreu : mais cette première femme eut nom Ève, c’est-à-dire mère de tous les vivants.

3. Moïse raconte que Dieu planta du côté de l’orient un parc, foisonnant en plantes de toute espèce ; il y avait, entre autres, la plante de la vie et celle de l’entendement, par laquelle on apprenait ce que c’est que le bien et le mal ; il fit entrer dans ce jardin Adam et la femme et leur recommanda de prendre soin des plantes. Ce jardin est arrosé par un fleuve unique dont le cours circulaire environne toute la terre et se divise en quatre branches ; le Phison, dont le nom signifie abondance[4], s’en va vers l’inde se jeter dans la mer : les Grecs l’appellent Gange ; puis l’Euphrate et le Tigre, qui vont se


    les déclinant, comme il le dit lui-même plus loin (§ 129) ; il arrive ainsi à modifier parfois singulièrement le nom qu’il transcrit. En français, nous garderons l’orthographe de Josèphe pour les noms peu importants ; pour ceux qui reviennent très souvent, nous conservons la forme traditionnelle en indiquant, entre parenthèses, à la première mention, la transcription de Josèphe.

  1. Josèphe fond ici les deux explications de la racine אדם : le sens de « terre » est le seul qui soit donné pour Adam dans la Bible. Quant au sens de « rouge », on ne le trouve pas dans la littérature rabbinique, excepté dans le Pirké de Rabbi Eliezer, XII, qui s’inspire d’écrits chrétiens.
  2. Dans l’Écriture, c’est Adam qui donne leurs noms aux animaux.
  3. Transcription de אשה. La Version latine porte : issa.
  4. Josèphe transcrit l’hébreu פוִשיןֹ par Φεισών (LXX : Φισών). Il le traduit par πληθύς, faisant venir, par conséquent, l’héb. Phisôn de la racine פיש « s’étendre, prendre de grandes proportions ». Philon traduit (Leg. alleg., M. I, p. 24) στόματς ἁλλοίωσις par « changement de corps ». Le Phisôn est assimilé au Gange parce que, d’après l’Écriture, il entoure « le pays de l’or ».