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pressaient de l’écrire, et plus que tous Épaphrodite[1], homme passionné pour toute espèce d’érudition, mais qui goûte de préférence la science historique, mêlé comme il l’a été à de grands événements et à des fortunes très diverses, au milieu desquels il a toujours fait preuve d’une merveilleuse force de caractère et d’un attachement inébranlable à la vertu. Je me laissai donc persuader par lui, car il ne cesse d’encourager les hommes capables de faire œuvre utile ou belle, et, tout confus de laisser supposer que mon repos m’était plus cher que l’effort d’une belle entreprise, je m’enhardis et repris courage ; au surplus, outre les raisons, ce fut pour moi une considération nullement secondaire que nos ancêtres, d’une part, aient toujours été disposés à communiquer leur histoire et que certains Grecs, de l’autre, aient été curieux de la connaître.

3. Je remarquai, en effet, que le second des Ptolémées[2], ce roi qui s’est tant intéressé à la science, ce collectionneur de livres, s’occupa tout particulièrement de faire traduire en grec notre code et la constitution politique qui en découle ; d’autre part, Eléazar, qui ne le cédait en vertu à aucun de nos grands-prêtres, ne se fit pas scrupule d’accorder à ce roi la satisfaction qu’il sollicitait ; or, il eût refusé net, s’il n’eût été de tradition chez nous de ne tenir secret rien de ce qui est bien[3]. J’ai donc pensé que, pour moi, je devais imiter la conduite libérale du grand-prêtre et supposer qu’encore

  1. Cet Épaphrodite, auquel Josèphe sa Vie et Contre Apion, paraît être identique à un grammairien qui vécut à Rome depuis l’époque de Néron jusqu’à celle de Nerva, et réunit une bibliothèque de 30 000 volumes (Suidas). D’autres ont pensé, mais à tort, à un affranchi et secrétaire de Néron, mis à mort par Domitien ; cf. Schürer, Geschiche des jüd. Volkes I (2e éd.) p. 62 T. R.
  2. Ptolémée II Philadelphe (285-247 av. J.-C.)
  3. Il s’agit, dans tout ce passage, de la version dite des Septante et plus particulièrement du Pentateuque, partie juridique de la Bible. L’histoire de la Septante est rapportée tout au long du livre XII. On estime généralement que Josèphe a utilisé cette version. Cependant il diffère assez souvent des LXX, soit dans la transcription des noms propres, soit dans l’interprétation de certains passages bibliques. Nous signalerons les divergences importantes. Voir sur les rapports entre Josèphe et les LXX : Bloch, Die Quellen des Fl. Josephus, Leipzig. 1879 ; Siegfried, Die hebräischen Worterklärungen des Josephus, dans la Zeitschrift de Stade, 1883, p. 32 sqq.