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d’une mesure), cet aliment ne devant jamais leur faire défaut ; c’était là une précaution afin que les faibles ne fussent pas empêchés d’en prendre par les forts, qui profiteraient de leur vigueur pour faire une récolte plus copieuse. Ceux qui, néanmoins, recueillaient plus que la mesure prescrite n’avaient aucun avantage pour la peine qu’ils se donnaient, car ils ne trouvaient rien de plus qu’un assaron ; et tout ce qu’on mettait de côté pour le jour suivant ne servait plus à rien : les vers et l’amertume l’abîmaient, tant cet aliment était divin et extraordinaire. Il remplaçait pour ceux qui en mangeaient tous les autres aliments absents[1]. Et encore aujourd’hui[2] tout ce lieu est arrosé d’une pluie semblable à celle que jadis, par faveur pour Moïse, Dieu envoya pour leur servir de nourriture. Les Hébreux appellent cet aliment manna[3], car le mot man est une interrogation dans notre langue et sert à demander : « Qu’est-ce que cela ? [4]» Ils ne firent donc que se réjouir de cet envoi du ciel et ils usèrent de cette nourriture pendant quarante ans, tout le temps qu’ils furent dans le désert.

7[5]. Lorsque, partis de là, ils arrivèrent à Raphidin[6], tourmentés


    que donne l’Exode (XVI, 16). Les deux mesures sont, d’ailleurs, équivalentes. L’ômer, selon la Bible elle-même (Ex., XVI, 36), vaut un dixième d’éfa, et l’issarôn, comme son nom l’indique, vaut, de même, un dixième d’éfa (31, 64).

  1. La Sapience dit de même de la manne qu’elle renfermait tout ce qui est agréable au goût (XVI, 20) et qu’elle se changeait en tout ce qu’on désirait (21). Cette tradition se retrouve dans le Midrash. Exode Rabba (XXV) dit que la manne avait toutes les saveurs et que chaque Israélite y trouvait celle qui lui plaisait. Dans Yoma, 75 a, R. Abbahou (Amora de la fin du IIIe siècle) dit en jouant sur le terme de לשד (Nombr., XI, 8) : « De même que l’enfant trouve différentes saveurs au lait maternel (שד = sein), de même les Israélites trouvaient différentes saveurs à la manne ». R. Yosé ben Hanina (Amora du IIIe siècle) disait (ibid., 75 b) que la manne avait le goût du pain pour les jeunes gens, de l’huile pour les vieillards, du miel pour les petits enfants. Cf. des variantes des mêmes dires dans Sifré sur Nombr., XI, 8 ; Tanhouma (sur Ex., XVI, 14) ; Ex. R., V ; Pesikta, 110 a.
  2. Cette observation est confirmée par ceux qui ont visité cette partie de l’Arabie. Il existe une manne végétale provenant d’un arbrisseau, la Tamirix mannifera.
  3. Héb. Man ; LXX : ib., parfois (Nombr., XI, 7}} : μαννά. Manna est l’araméen de man.
  4. Même étymologie que dans l’hébreu et les LXX : τι εστι τοῡτο ;
  5. Ex., XVII, 1.
  6. Héb. : Rephidim ; LXX : Ραφιδείν.