Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’ils manquaient d’armes, Dieu leur en procura abondamment ; enfin il leur dit toutes les circonstances où, quand ils paraissaient à deux doigts de leur perte, Dieu les avait sauvés à l’improviste, quelle puissance était la sienne, qu’il ne fallait donc pas non plus désespérer maintenant de sa providence, mais patienter sans colère, en songeant que le secours ne peut tarder, même s’il ne vient pas immédiatement, avant toute épreuve fâcheuse, et considérer que ce n’est pas par indifférence que Dieu temporise, mais bien pour éprouver leur courage et leur amour de la liberté, « afin de savoir, dit-il, si, à l’occasion, vous pourriez supporter généreusement pour elle la privation d’aliments et le manque d’eau, ou si vous préférez l’esclavage, comme les bêtes que leurs maîtres domptent et nourrissent copieusement en vue des services qu’ils en attendent ». Il ajoute que, s’il craint quelque chose, ce n’est pas tant pour sa propre sécurité, — car ce ne sera pas un malheur pour lui de mourir injustement -, que pour eux-mêmes ; il a peur qu’en lançant des pierres contre lui, ils n’aient l’air de mépriser Dieu.

5. Il les calme ainsi, arrête leurs bras prêts à le lapider et les amène à se repentir de l’acte qu’ils allaient commettre : mais, ayant songé que cette agitation provoquée par la nécessité n’était pas déraisonnable, il réfléchit qu’il devait aller supplier et invoquer Dieu, et, monté sur un observatoire élevé, il lui demande de procurer quelque secours au peuple et de l’arracher à sa détresse, — car c’était en lui que se trouvait leur salut et en nul autre -, et de pardonner au peuple ce qu’il venait de commettre sous l’empire de la nécessité, car la race des hommes est naturellement portée à se plaindre et à récriminer dans la mauvaise fortune. Dieu promet[1] de prendre soin d’eux et de leur fournir ces ressources tant souhaitées. Moïse, ayant entendu cette réponse de Dieu, retourne auprès du peuple. Ceux-ci, en le voyant tout réjoui des promesses divines, passent de l’abattement à une humeur plus gaie, et lui, debout au milieu d’eux, dit qu’il vient leur apporter de la part de Dieu un secours contre les embarras présents. Et, peu après, une quantité

  1. Ex., XVI, 12.