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mener les Hébreux, y compris les femmes et les enfants, mais il veut qu’ils laissent leur butin[1] aux Égyptiens dont les biens étaient détruits. Moïse déclare qu’il ne trouve pas cette prétention légitime, car il leur fallait offrir à Dieu des sacrifices[2] avec ce butin, et tandis que les choses traînent là-dessus, une nuit profonde, dénuée de toute clarté, se répand sur les Égyptiens ; l’épaisseur en est telle qu’ils en ont les yeux aveuglés et les voies respiratoires obstruées ; ils périssent d’une mort lamentable et chacun craint d’être étouffé par ces nuées. Elles se dissipent après trois jours et autant de nuits, et comme Pharaôthès ne changeait pas d’avis, relativement au départ des Hébreux, Moïse s’avance et lui dit : « Jusqu’à quand vas-tu résister à la volonté de Dieu ? Il te commande de laisser aller les Hébreux ; vous ne pourrez être délivrés de vos maux qu’en agissant ainsi ». Le roi, furieux de ce langage, menace de lui faire trancher la tête s’il revient encore le troubler à ce propos. Moïse répond qu’il cessera, quant à lui, d’en parler et que c’est le roi lui-même, avec les premiers des Égyptiens, qui priera les Hébreux de s’en aller. Cela dit, il se retire.

6. Dieu montra encore par une plaie qu’il obligerait les Égyptiens à libérer les Hébreux. Il ordonne à Moïse d’avertir le peuple de tenir prêt un sacrifice dès le dix[3] du mois de Xanthicos pour le quatorzième jour (ce mois s’appelle Pharmouthi chez les Egyptiens, Nisan chez les hébreux ; les Macédoniens l’appellent Xanthicos) et d’emmener les Hébreux munis de tous leurs biens. Moïse, tenant les Hébreux prêts au départ, les range en phratries et les réunit tous ensemble ; quand se lève le quatorzième jour, tout le monde est en état de partir ; ils sacrifient ; avec le sang, ils purifient les maisons en y joignant des touffes d’hysope et, après le repas, ils brûlent le reste des viandes, en gens qui sont sur leur départ. De là vient qu’encore aujourd’hui nous avons coutume de faire ainsi ce sacrifice ; nous appelons la fête Pascha[4], ce qui veut dire

  1. À savoir leur bétail (Ex. X, 24)
  2. Ex., X, 25
  3. Ex., XII, 3.
  4. Même transcription que dans les LXX du mot Péçah.