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Moïse sans se troubler : « Moi non plus, dit-il, Ô roi, je ne méprise pas la science des Égyptiens ; mais je déclare que ce que j’ai fait moi-même surpasse autant leur magie et leur art qu’il y a de distance entre les choses divines et les choses humaines. Et je montrerai que ce n’est pas du charlatanisme et d’une dépravation de la vraie doctrine, mais de la providence et de la puissance divine que mes miracles procèdent ». Disant cela, il jette à terre son bâton, en lui commandant de se métamorphoser en serpent ; le bâton obéit, fait le tour des bâtons des Égyptiens, qui semblaient des dragons, et les dévore jusqu’à ce qu’il les ait fait tous disparaître ; ensuite il reprend son aspect normal et Moïse s’en saisit.

4. Mais le roi n’est pas plus frappé de ce fait-là ; il se fâche, et, après lui avoir déclaré qu’il ne lui servirait de rien d’employer sa sagesse et son habileté contre les Égyptiens, il ordonne au surveillant[1] des Hébreux de ne point leur accorder de relâche dans leur travail, mais de les assujettir à des traitements encore plus durs que précédemment. Et celui-ci, qui leur fournissait auparavant de la paille pour la confection des briques, cesse de leur en fournir. Le jour, il les oblige à peiner sur leur tâche, la nuit à ramasser la paille. Ainsi deux fois malheureux, ils rendaient Moïse responsable de ce surcroît de labeur et d’infortune. Mais lui[2], sans s’affecter des menaces du roi, sans céder aux récriminations des Hébreux, tient bon de part et d’autre et met tous ses efforts à procurer aux siens la liberté. Il va se présenter devant le roi et cherche à lui persuader de laisser aller les Hébreux sur le mont Sinaï pour y sacrifier à Dieu, qui l’avait ordonné, et de ne point faire opposition aux volontés divines ; il devait mettre la faveur de Dieu au-dessus de tout et les autoriser à partir, de peur qu’en les en empêchant, il ne devint, sans le savoir, responsable envers lui-même, quand il subirait les peines qui frappent d’ordinaire ceux qui contreviennent aux ordres de Dieu ; car ceux qui s’attirent le courroux divin voient surgir des maux terribles de partout ; pour ceux-là, plus rien

  1. Ex., V, 6.
  2. Ex., V, 22.