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3[1]. Mais Dieu l’exhorte à se rassurer entièrement et lui promet de l’assister lui-même ; quand il faudrait parler, il lui donnerait la persuasion, et quand il faudrait agir, il lui procurerait la force ; il lui commande de jeter à terre son bâton et de prendre confiance en ses promesses. Moïse obéit, alors un serpent se met à ramper, se contracte en spirales et dresse la tête comme pour se défendre d’une attaque ; puis il redevient bâton. Ensuite Dieu lui ordonne de placer sa main droite dans son sein : il obéit et la retire blanche et d’une couleur semblable à celle de la chaux ; puis elle reprit son aspect naturel. Enfin, il reçoit l’ordre de prendre de l’eau à la source voisine et de la verser a terre, et il la voit devenir couleur de sang. Comme il s’étonne de ces merveilles, Dieu l’exhorte à se rassurer, à croire qu’il sera toujours pour lui le plus grand des secours, et à user de miracles « pour convaincre tout le monde, dit-il, que c’est moi qui t’envoie et que tu agis en tout selon mes instructions. Et je t’ordonne d’aller sans plus tarder en Égypte, de marcher en toute hâte, nuit et jour, et, sans perdre de temps davantage, d’accomplir cette mission pour les Hébreux, qui souffrent dans l’esclavage ».

4[2]. Moïse ne peut pas ne pas ajouter foi aux promesses de la divinité, après avoir vu et entendu tant de témoignages rassurants ; il prie Dieu et lui demande de faire l’épreuve de ce pouvoir en Égypte ; il le supplie de ne pas lui dénier la connaissance de son nom particulier, et, puisqu’il avait été admis à lui parler et à le voir, de lui dire aussi de quelle manière il fallait l’appeler, afin que, en sacrifiant, il pût l’inviter par son nom à présider à la cérémonie sacrée. Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler[3]. Ces miracles, Moïse ne les

  1. Ex., IV, 1.
  2. Ex., VI, 2.
  3. Il s’agit du nom ineffable ou tétragramme, dont les consonnes hébraïques seules (י, ה, ו, ה) se sont conservées. La remarque de Josèphe fait penser que la prononciation de ce nom lui était connue, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il était d’une famille de prêtres ; on sait que seul le grand-prêtre avait le droit de le prononcer. La défense relative au nom divin se trouve dans le Lévitique, XXIV, 16. La prérogative du grand-prêtre est énoncée dans la Tosifta de Sota, XIII, 8 (éd. Zuckerm.) ;