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mate s’élève en échappant à la surveillance du roi, et ses actions vont vérifier la prédiction qui le concerne. Les choses se passèrent de la façon suivante.


3[1]. Amaram(ès)[2], qui appartenait à une famille noble parmi les hébreux, craignant que sa race tout entière ne s’éteignit par suite de l’insuffisance de la prochaine génération, et très tourmenté pour son compte, car sa femme était enceinte, se trouvait dans un profond désarroi. Il recourt aux prières à Dieu, le supplie de prendre enfin un peu en pitié des hommes qui n’ont rien négligé dans les honneurs qu’ils lui rendent, de les délivrer des misères qu’ils souffrent en ce moment et de leurs soucis touchant l’extinction de la race. Dieu a compassion de lui et, se laissant fléchir par cet appel suppliant, il lui apparaît pendant son sommeil[3], l’exhorte à ne pas désespérer de l’avenir et dit qu’il garde le souvenir de leur piété et qu’il les en récompensera toujours. Déjà il avait accordé à leurs ancêtres cette singulière multiplication d’une race issue de quelques hommes. Abram, parti seul de Mésopotamie pour venir en Chananée, avait eu toutes les félicités et, de plus, sa femme, précédemment stérile, était par la suite devenue féconde, grâce à la volonté divine ; elle lui avait donné des enfants : il avait laissé à Ismaël et à ses descendants le pays des Arabes, aux enfants de Chetoura la Troglodytide et à lsac la Chananée. « Tous les succès, dit-il, qu’il a eus à la guerre, grâce à mon intervention, ce serait impie à vous de n’en pas conserver la mémoire. Jacob, lui, est devenu célèbre même chez des impies étrangers, par le haut degré de prospérité où il parvint pendant sa vie et qu’il a transmis à ses enfants. Lui et soixante-dix personnes, en tout, arrivèrent en Égypte, et vous voilà déjà plus de six

  1. Ex., II, 1
  2. Amram n’est nommé dans la Bible qu’au chapitre VI, 20, de l’Exode. LXX. Ἀμβράμ.
  3. Tout ce passage est surajouté au récit biblique. Le songe d’Amram est connu cependant de la tradition. Voir Mekhilta (le plus ancien commentaire halachique de l’Exode), éd. Weiss, p. 52. Dans le Talmud, Meguilla, 14 a, c’est Miriam, sœur de Moïse, qui prévoit ses destinées, selon une opinion de Rab Nahman (Amora babylonien du commencement du IVe siècle). Cette légende est reproduite dans la Chronique de Moïse (Jellinek, Bet hamidrasch, II. p. 2) et le Séfer hayaschar.