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et le roi admira Jacob pour son grand âge. Comme celui-ci expliqua qu’il avait vécu moins d’années que ses ancêtres, il lui permit d’aller demeurer à Héliopolis[1] avec ses enfants ; c’était là aussi que ses propres bergers avaient leurs pâturages.

7. La famine chez les Égyptiens commençait à prendre de l’intensité et le fléau leur causait des embarras croissants ; le fleuve n’arrosait plus la terre, car ses eaux n’augmentaient pas et Dieu n’envoyait pas de pluie[2] ; dans leur ignorance, ils n’avaient fait aucun préparatif. Joseph leur cédait le blé contre argent ; quand l’argent leur fit défaut, ils achetèrent le blé avec leurs troupeaux et leurs esclaves ; ceux qui avaient, en outre, quelque terre allaient l’offrir pour acquérir des vivres ; et c’est ainsi que le roi devint maître de toute la contrée et qu’ils furent transportés de côté et d’autre afin d’assurer au roi la propriété de leurs terres, sauf celles des prêtres : ceux-ci gardèrent leurs domaines. Le fléau n’asservit pas seulement leurs corps, mais aussi leurs pensées et les astreignit désormais à des moyens d’existence humiliants. Mais, quand le mal s’apaisa et que le fleuve s’épandit sur la terre, qui produisit des fruits en abondance, Joseph se rendit dans chaque ville, et convoquant la foule, il leur fit don pour toujours des terres qu’ils avaient cédées au roi et que celui-ci aurait pu posséder et exploiter à lui seul ; il leur recommanda de les bien travailler dans l’idée qu’elles étaient leur propriété et de donner le cinquième des fruits au roi en échange de cette terre qu’il leur concède et qui vient de lui. Ainsi, devenus, sans y compter, propriétaires de ces terres, ils furent saisis de joie et promirent de se conformer à ces prescriptions. De cette façon, la considération dont Joseph jouissait auprès des Égyptiens grandit encore, et il accrut l’affection que ceux-ci portaient

  1. La Bible ne parle ici que du pays de Gosen et de la terre de Ramsès ; mais Héliopolis (en hébreu On) était située sur le même territoire de la Basse Egypte.
  2. Déjà Reland a fait remarquer que cette dernière observation témoigne de peu de connaissance du climat de l’Égypte.