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vait aux femmes de se joindre à l’assemblée, elle prétexta envers son mari une maladie, car elle cherchait l’isolement et une occasion favorable pour renouveler ses instances auprès de Joseph. Cette occasion s’étant trouvée, elle lui tient un langage bien plus pressant encore que la première fois : il eût mieux valu pour lui céder à ses premières instances, sans faire d’objection, sensible à la confusion de la solliciteuse et à l’excès de cette passion qui force une maîtresse à s’abaisser au-dessous de sa dignité ; maintenant encore il serait plus avisé en acquiesçant et il réparerait son étourderie de naguère. Que s’il n’attendait qu’une seconde sollicitation, voici qu’elle l’avait faite et avec plus d’ardeur encore : elle avait prétexté une maladie ; à la fête et à la réunion elle avait préféré un entretien avec lui ; et si c’était la défiance qui l’avait fait repousser ses premières raisons, la preuve qu’il n’y avait point de sa part perfidie, c’est qu’elle y persistait. Il pouvait s’attendre non seulement à goûter les félicités présentes, dont il jouissait dès maintenant, en se prêtant à son caprice, mais à obtenir encore de plus grands biens par sa soumission ; en revanche, c’était son inimitié et sa haine qu’il s’attirait, en faisant fi de cette faveur et en aimant mieux passer pour chaste que de plaire à sa maîtresse. Car cela ne lui servirait de rien, au cas où elle irait l’accuser et le charger par des affirmations mensongères auprès de son mari : Pétéphrès serait plus sensible à ses paroles qu’à celles de Joseph, si véridiques qu’elles pussent être.

4. Malgré les discours de cette femme et ses pleurs, ni la pitié ne put le déterminer à manquer de retenue, ni la crainte l’y contraindre ; il résista à ses supplications et ne céda pas devant ses menaces, aimant mieux souffrir injustement et s’exposer aux châtiments les plus pénibles que de profiter des circonstances par une faiblesse qui lui attirerait une mort méritée. Il lui rappelait son mariage et la vie conjugale, et la suppliait d’accorder plus à ces


    On a enseigné dans le collège de R. Ismaël (IIe siècle ap. J.-C.) que ce jour-là était un jour de fête et que la femme de Putiphar prétexta une maladie pour rester à la maison.