flexe du jeune mâle qui veut dompter et posséder à tout prix. Il est même surpris de sa facile victoire sans s’arrêter, cependant, à se demander si ce n’est pas au personnage qu’il s’est composé et qui l’a fascinée que Florentine a cédé plutôt qu’au petit jeune homme sans moyens qu’il est en réalité et qu’elle n’a pas vu derrière ses artifices. Jean Lévesque on le retrouve partout chez une foule de jeunes gens de tous les milieux et de tous les pays, dans cette faconde et cette soif de briller, de paraître ce qu’ils ne sont pas, d’épater pour tout dire. Et Azarius, à l’irresponsabilité maladive, pilier de bistrot, la tête pleine de plans et de projets mirifiques et dont l’intime sincérité est la pire des entraves à l’amélioration. Tout notre milieu populaire est là dans ces types sur lesquels la romancière projette une lumière tantôt vive, tantôt diffuse pour en faire ressortir toutes les aspérités, tous les angles, avec un talent qui ne trompe pas. Gabrielle Roy est certainement l’un de nos grands romanciers.
Dans « Au milieu, la Montagne » Roger Viau campe, lui aussi, mais dans un éclairage différent, la petite fille du peuple à la poursuite du bonheur. Le milieu reste le même, cependant, et tout autant que Madame Roy, Viau est fasciné par la famille nombreuse de la grande ville. Il montre combien