qui servait plutôt de prétexte à dissertations sur un thème donné ; on y vit fleurir de beaux élans de rhétorique où chacun — et je ne m’exclus pas — se livrait aux jeux de l’esprit dans lesquels la critique n’avait pas toujours sa part ; de plus, le conformisme semblait s’y être érigé en système, un système que l’on se gardait de rompre pour ne pas fausser le jeu. L’arrivée de Roger Rolland, qui créa la tribune « Arts et Lettres » donna un renouveau de vie à la critique radiophonique ; on y fait maintenant de la véritable critique, mais il me semble que la part donné à la littérature canadienne y est trop congrue.
Mais notre critique devrait être plus que cela. Le grand critique est celui qui aura découvert l’œuvre ou l’écrivain que les autres ne reconnaîtront qu’après coup ; le grand critique est un défricheur ; une sentinelle sur le qui-vive qui se montrera impitoyable à tout ce qui est quelconque ou risque d’être une insulte à la beauté, sans toutefois cesser de se montrer compréhensif sur les détails, afin de ne pas briser inutilement des ailes. Il rend ainsi service au public qu’il débarrasse des écrivailleurs qui se prennent pour écrivains de génie. Le grand critique est celui qui, toujours à l’avant-garde de l’armée littéraire, saura faire le point, sans ménagement pour les sus-