circonstances atténuantes. Sans doute, avons-nous avec la France une tradition commune de civilisation ; sa littérature nous appartient comme à tous les autres peuples d’expression française et rien, à première vue, ne pourrait nous empêcher de tirer profit d’une langue qui sût si bien s’affirmer au titre de moyen universel d’expression et retint si longtemps la préséance. L’anglais peut être devenu la langue du commerce international, le français demeurera toujours la langue des civilisés. Mais il ne faudrait pas oublier que cette civilisation française n’a pas émigré avec les Français qui, aux xviie et xviiie siècles, s’en sont allés fonder le Canada ; son centre de gravité est toujours à Paris qui n’a cessé de demeurer le carrefour intellectuel du monde, qu’aucune capitale n’est encore parvenue à déplacer à son profit. Et l’on comprend ce que cela veut dire pour celui qui écrit que de vivre dans un climat réchauffé par toutes les manifestations possibles d’une culture en perpétuel développement et renouvellement.
Notre langue, coupée de la civilisation qui l’animait, s’est développée en vase clos ; on a fait de belles métaphores pour tâcher de situer nos positions intellectuelles, sans trop nous heurter de front. Les écrivains de France ont abandonné, depuis la guerre surtout, le petit ton condescendant