qu’à donner libre cours à ses qualités exceptionnelles de psychologue, jointes à un don d’observation des plus aiguisés pour nous placer dans le climat et l’ambiance de cette assemblée d’hommes à l’idéal surnaturel, mais sur qui les préoccupations terrestres exercent toujours une grande partie de leur emprise ; il y a là, aussi, ce conflit des générations, ces heurts de volontés et de caractères, les parti-pris, les ambitions inavouées, parfois inconscientes, de dominer dans ce milieu où l’on est cependant entré en acceptant de se faire le plus petit parmi les plus petits. Le romancier n’a pas cherché à idéaliser ce monde qui demeure un monde terrestre avec toutes ses tares, un monde où les plus justes eux-mêmes pèchent sept fois par jour.
Le roman intellectuel a donc lui aussi pris corps chez nous ; à des degrés différents, sans doute. Chacun de ces romanciers possède sa manière bien à lui. Mais tous se rapprochent par les préoccupations surtout intellectuelles et intelligentes de leurs personnages. Ce sont également des romanciers de mœurs, du moins Baillargeon, Simard et Lockquell dans l’analyse de leur héros en fonction de la société où ils vivent et pensent. Le Frère Bernard, par exemple, se révolte contre une certaine condition sociale qui, pour des questions de