Lemelin serait un vide d’importance dans le roman canadien-français.
Où situer Jean-Jules Richard ? Ce romancier qui a révélé une puissance peu commune dans son premier livre, « Neuf Jours de haine », a publié, depuis, un recueil de nouvelles, « Ville Rouge », dans lequel son originalité et son refus d’accepter les formules toutes faites demeurent ses qualités premières. Il a soumis, en 1952, au concours du « Cercle du Livre de France » un deuxième roman qui a effarouché certains membres du jury ; avec sa brutalité coutumière, Richard y étale les dessous de la pègre montréalaise à laquelle personne n’avait encore songé comme sujet de roman. Cette œuvre, malgré bien des défauts, possède une puissance d’évocation qui nous fait penser que Richard, s’il veut soigner sa langue et affiner sa forme, ne tardera pas à figurer au tout premier plan de nos romanciers, en dépit d’une critique qui persiste à l’ignorer. Richard n’est pas un romancier de salon.
« Neuf Jours de haine » se classe d’emblée au rang des grands romans : ce récit de guerre, acerbe, dur, âpre, supporte la comparaison avec tout ce qui s’est écrit dans le genre, y compris « À l’Ouest rien de nouveau » et « Les Croix de Bois », qui valut le Goncourt à Dorgelès. « Neuf Jours