nos politiciens. Pour elle, le cynisme le plus complet a remplacé chez eux les convictions. Cependant, beaucoup de ses personnages manquent de consistance ; si elle s’avère bonne conteuse, elle ne paraît pas encore posséder à plein son métier. Le seul personnage qui ait quelque ampleur, c’est Catherine de Fréneuse, la sœur d’Isabelle : c’est une aristocrate qui s’accroche à l’héritage moral, qu’à défaut d’autre, lui a laissé sa famille de petite noblesse. C’est la grande dame dans le sens le plus complet du mot, qui ne se paye pas de formules et connaît les hommes, avec lesquels elle joue un peu comme chat avec souris ; elle s’applique à dénouer les intrigues tressées dans le monde où vit Isabelle et veille avec sollicitude sur sa sœur, plutôt faible devant la vie. Charlotte Savary a réussi cependant quelques-unes de ses silhouettes, sur lesquelles on serait tenté de mettre des noms ; mais il ne s’agit pas d’un roman à clé ; il faut le prendre comme une étude de mœurs qui, malgré ses outrances, nous fait pénétrer dans un monde qu’aucun de nos romanciers n’avait encore abordé. Le tout est de savoir faire la part des choses.
Le sort de notre bourgeoisie inquiète sérieusement Charlotte Savary. Dans « La Lumière fut » c’est aux préjugés bourgeois qu’elle s’attaque, ces mêmes préjugés que signale Viau dans « Au mi-