d’une oeuvre. Ce roman aurait gagné à se terminer avec la deuxième partie ; il est superflu, pour conclure, d’installer tout le monde, de caser tous les personnages : bien au contraire ! Et l’on s’étonne qu’un romancier comme Ringuet se soit plu à terminer « Le Poids du jour » à la manière d’un roman feuilleton. Ce n’est pas que la vie de Michel, qui deviendra Robert Garneau, ne nous intéresse pas, que nous ne soyons pas en présence d’une personnalité attachante, surtout Michel, car Robert est un tout autre personnage. Il y a une coupure nette entre l’enfant et l’homme, une coupure tellement nette qu’on se l’explique mal si l’on s’en tient aux normes ordinaires de la psychologie. Mais Ringuet est médecin et ses connaissances en la matière lui fournissent peut-être l’explication de cette attitude outrée de Michel quand il découvre le secret de sa naissance. On admet difficilement, en effet, qu’un homme, apprenant que son père n’est pas celui dont il porte le nom, adopte et surtout se maintienne sans défaillance dans la disposition d’esprit qui sera désormais la sienne. Qu’il change de prénom, on peut l’accepter ; mais on ne comprend pas sa cruauté d’esprit et de cœur envers son père naturel : c’est à peine s’il sourcille quand on lui annonce la mort misérable du pauvre hère qu’est
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ROMANS DE MŒURS ET ROMANS SOCIAUX