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75°, on comprend la valeur de la notion de cet angle pour apprécier le degré de déformation imposée au thorax par la constriction.

La déformation du thorax par le corset trop serré est en effet un des plus constants résultats du port de ce vêtement, et Charpy l’exprimait, en 1884, d’une façon sévère dans la Revue d’Anthropologie, où il écrivait : « Ce n’est pas chose facile de trouver des poitrines de femmes de vingt-cinq à trente ans qui ne soient pas déformées par le corset ou les vêtements. »

En 1887. J. Dickinson a même essayé de déterminer la pression exercée sur le thorax par le corset en glissant sous celui-ci un sachet à air communiquant avec un tube manométrique. Il a trouvé que cette pression toujours notable était dans certains cas considérable. Malheureusement son système manquait un peu de précision et les expériences portaient sur trop peu de cas pour que les résultats fussent intéressants à connaître.

J’ai cité l’opinion l’Ambroise Paré sur la question, celle de Bonnaud n’en diffère guère puisqu’il écrivait en 1770, dans son travail : Dégradation de l’espèce humaine par les corps à baleines, que : « Les bossues, les bancroches, les rachitiques, toutes les personnes mal construites et mal bâties, ne sont communes que dans les grandes villes où l’on a la coupable manie d’emmailloter les enfants et de les mettre ensuite à la presse dans des corps à baleines. »

C’est au niveau des neuvième, dixième, onzième côtes que le corset produit son plus fort degré de constriction. De nos mensurations faites sur cent femmes, il résulte que le périmètre au niveau de la quatrième ou cinquième côte et le périmètre au niveau des huitième ou neuvième présente une différence de six à dix centimètres au détriment du dernier.

Il faut bien se souvenir d’ailleurs que les corsets modernes (nous parlons des corsets bien faits) sont plus courts qu’ils ne l’étaient autrefois ; ils commencent la constriction moins haut au-dessous des seins qu’ils soutiennent sans les comprimer ; ils serrent donc surtout la base du thorax au niveau des dixième et onzième côtes.

Sillon costal de la neuvième à la onzième côte avec fréquent évasement de la marge du thorax : tel est le premier stigmate du corset sur le tronc. Nous ne signalons que pour mémoire l’amaigrissement, l’atrophie de la paroi consécutifs à des constriction s exagérées et prolongées. Ce que l’on voit plus fréquemment c’est l’altération