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çues tant elle avait eu soin de serrer l’abdomen avec un corset fortement baleiné et muni d’un buse en acier extrêmement résistant et de plus d’une ceinture également très serré et très large, arriva à l’hôpital, elle se plaignait de douleurs tellement fortes qu’on la fit monter de suite dans les salles : parvenue en haut, de l’escalier, quelques liens de son corset se brisèrent et son ventre devint subitement volumineux et à peine avait-elle fait quelques pas que son enfant tomba sur le parquet. Le cordon était rompu grès de l’ombilic. La femme succomba de péritonite le 7e jour.

Cette action funeste du corset sur la femme arrivée au terme de sa gestation se fait sentir aussi, bien qu’à un degré moindre, chez la femme enceinte aux premiers mois de sa grossesse.

Au commencement de celle-ci, l’usage et d’autant plus l’abus du corset augmentent les symptômes d’incertitude (vomissements, troubles digestifs, etc) ; la compression exagérée sur l’abdomen commence déjà dans les premiers mois de la gestation à s’opposer mécaniquement au développement normal de l’utérus (Charpentier, Ribemont-Dessaigne).

Plus la grossesse avance plus augmentent les dangers d’un corset même peu serré.

Au 5e mois de la gestation, dit Mme Tylicka, l’utérus refoule l’intestin par en haut et atteint l’ombilic dans l’état de liberté de l’abdomen, mais la malencontreuse pression du corset sur la partie supérieure de l’abdomen ne sera-t-elle pas là pour l’arrêter ? Surtout lorsque cette compression est consciencieusement exagérée ; on verra alors se produire ce qui se passe lorsque l’utérus a perdu sa faculté de distension, c’est l’avortement. Peut-être, au milieu des troubles graves de la respiration et de la circulation, la grossesse atteindra une époque plus avancée et si la femme n’a pas l’intelligence de supprimer la gêne dans ses vêtements l’utérus se contractera prématurément et par le décollement de d’œuf elle va faire l’accouchement prématuré donnant à l’humanité l’enfant non viable ou toujours chétif. Si les filles-mères font abus du corset étant victimes de l’état social actuel, les femmes mariées n’ont pas toujours assez de sens pour renoncer tout à fait à ce gênant instrument pendant la grossesse, bien que leur taille augmente chaque jour, malgré qu’elles soient contentes d’être bientôt mères. En France cette coutume est très développée ; dans les cliniques, dans la rue, partout nous rencontrons des femmes enceintes armées de leur corset ; même à la campagne,