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fondre. La grande erreur des darwiniens consiste précisément à considérer seulement les derniers et à oublier totalement les premiers. Comme les groupes qui peuvent se fondre sont aussi nombreux que ceux qui ne le peuvent pas, les darwiniens pèchent encore ici par l’aveuglement unilatéral. Ils voient la nature seulement à un point de vue, donc ils voient faux. Et quand on songe que les associations sont la totalité des êtres vivants, depuis l’infusoire le plus invisible jusqu’à l’homme, on peut s’imaginer quel énorme ensemble de faits est négligé par les darwiniens. Dans le passage de H. Spencer, cité plus haut[1], il décrit de la façon la plus dramatique les luttes innombrables que se sont livrées les êtres depuis la plus haute antiquité et il conclut que, grâce à elles, se sont développés les types supérieurs. Mais le célèbre philosophe anglais ne fait pas la moindre allusion à l’association. Cependant, quels sont les types supérieurs ? Pourquoi l’homme est-il un type supérieur à l’amibe ? Et précisément parce que l’homme est une association extrêmement complexe de 460 trillions de cellules, tandis que l’amibe est un être monocellulaire, H. Spencer ne se croit pas obligé de parler un seul instant des effets que l’association a pu avoir sur le perfectionnement des êtres. Il est manifeste, cependant, que, lors même que les êtres monocellulaires se seraient massacrés avec une rapidité cent fois supérieure à celle que nous observons dans la nature, ils n’auraient pas réalisé le moindre progrès s’ils ne s’étaient pas associés. On voit donc combien les darwiniens font fausse route. On ne peut pas avoir la prétention d’édifier une science avec des points de vue si unilatéraux. Les darwiniens n’auraient dû oublier le phénomène de l’association à aucune des phases de l’évolution vitale. Alors, ils se seraient immédiatement aperçus que les rapports entre êtres associables sont différents des rapports entre êtres non associables.

  1. Voir p. 41.