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une péjoration manifeste des institutions, et pour les vainqueurs, et pour les vaincus. Le militarisme aboutit le plus souvent au despotisme. Des pays, naguère libres (c’est-à-dire procurant des garanties suffisantes au citoyen), sont asservis (c’est-à-dire n’offrent plus de garanties suffisantes au citoyen).

On a dit souvent que la lutte des partis politiques entretient l’activité sociale. Elle est donc la vie, elle est donc le progrès. C’est parfait. Mais il faut analyser ce phénomène d’une façon précise. Que signifie la lutte des partis politiques ? Cela signifie, en dernière analyse, l’existence de la liberté, c’est-à-dire le respect absolu des droits de chaque citoyen ou, en d’autres termes, la suppression de l’homicide et de la violence. Si la lutte des partis est un bien, c’est parce qu’elle substitue un combat intellectuel (propagande, agitation électorale, etc.) aux combats biologiques qui sont la tuerie. Sitôt que les partis recourent à l’homicide, on n’est plus en présence d’une lutte de partis, mais d’une guerre civile. Or, personne n’a jamais affirmé que la guerre civile était la cause des progrès du genre humain.

Les luttes politiques se livrent aussi entre gouvernants et gouvernés. Aussi longtemps qu’elles restent sur le terrain intellectuel, elles sont fécondes. Les ministres soutiennent un programme, l’opposition en soutient un autre. C’est la vie, l’animation, le progrès. Mais sitôt que la lutte entre gouvernants et gouvernés se fait par les procédés biologiques (fusillades et pendaisons du côté de l’État, tueries terroristes du côté des citoyens), la vie et le progrès s’arrêtent, la sauvagerie et la misère s’avancent à grands pas.

Lorsque les sociétés humaines se sont formées et ont acquis une organisation plus ou moins avancée, l’individu s’est trouvé impliqué dans une série de rapports d’une complexité inouïe. Alors le progrès, non seulement intellectuel mais même physiologique, a dépendu d’une masse