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tion peut aussi se pratiquer entre animaux, non seulement herbivores, mais même carnivores. Dans un champ, les animaux plus robustes peuvent manger toute l’herbe ; il n’en reste plus alors pour les animaux plus faibles, qui doivent périr de faim. De même un carnivore, plus puissant[1], peut accaparer tout le gibier d’une aire déterminée et peut forcer les autres carnivores à mourir d’inanition.

Les darwiniens ont parfaitement distingué les procédés de l’absorption et de l’élimination. Ils ont considéré cette dernière non seulement au point de vue de l’alimentation, mais encore à celui de la reproduction. Ils ont trouvé ici l’un des facteurs les plus importants du transformisme. C’est ce qu’ils appellent la sélection sexuelle. Les mâles luttent pour la possession des femelles. Les mâles évincés n’ont pas de progéniture ; les mâles victorieux en ont une. Ils transmettent leurs qualités à leurs descendants, et de cette façon les espèces s’améliorent.

Je n’ai pas à m’occuper de ce procédé d’élimination. Dans le genre humain, son rôle est assez secondaire. D’abord, nous n’observons pas que les qualités du père seul se transmettent toujours à l’enfant. Par quelle singulière étourderie oublie-t-on constamment la mère dans les raisonnements sur la sélection sexuelle ? En réalité, l’enfant est une résultante. Il hérite, dans les mesures les plus diverses, des particularités de ses deux parents. C’est par suite de ce fait que ces résultantes sont si variées. Si le plus beau des mâles l’a emporté sur ses rivaux, mais s’est uni à une femelle possédant de faibles qualités, son descendant peut être intérieur à celui d’un autre mâle, moins beau, mais qui s’est uni à une femelle supérieure. Les mêmes considérations peuvent s’appliquer lorsque ce sont les mâles qui choisissent les plus jolies femelles. D’ailleurs, dans les sociétés humaines, les mariages sont décidés sous l’impulsion de tant de facteurs de l’ordre écono-

  1. Quel que soit le trait qui le rend tel : robustesse, rapidité à la course, intelligence supérieure, etc.