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rendues nécessaires pour l’établissement d’un équilibre entre la température de notre corps et celle de l’air ambiant, occupent des millions et des millions d’hommes et absorbent constamment des milliards de journées de travail. Et bientôt ce travail va doubler. En effet, jusqu’à présent nous avons su seulement nous préserver du froid. Mais la découverte récente d’appareils frigorifiques très perfectionnés va nous permettre de nous préserver également de la chaleur. Sans doute, dans peu d’années, les maisons dans la zone chaude et, en été, dans la zone tempérée seront pourvues d’appareils réfrigérants, comme les maisons de la zone froide sont pourvues d’appareils de chauffage. On créera ainsi une immense industrie nouvelle, qui occupera aussi des millions de travailleurs.

On voit donc que, même au point de vue de l’air, si largement répandu dans la nature et dans lequel nous sommes baignés, il n’y a pas de corrélation suffisante entre le milieu physique et notre organisme. Il se livre une lutte très âpre entre le milieu et nous pour établir cette corrélation. Cette lutte exige une quantité prodigieuse d’efforts qui se répètent à chaque seconde.

Après celui de respirer, le besoin le plus impérieux de notre être est de boire. L’eau est loin de se trouver partout en quantité suffisante et en qualité satisfaisante. Aussi l’homme a dû faire des efforts immenses pour s’en procurer (captations de sources, aqueducs, canalisations, puits, etc., etc.). Ces efforts doivent être renouvelés à chaque instant. Je passe rapidement sur ce sujet puisqu’il est analogue à celui qui suit.

Si l’homme pouvait vivre d’air et de soleil, ou si la manne tombait tous les jours du ciel, il y aurait corrélation entre le milieu physique et nous, au point de vue alimentaire. Il y aurait donc équilibre, harmonie complète, par conséquent pas de lutte. Mais le milieu physique n’est pas arrangé de cette façon, la corrélation n’existe pas et la lutte s établit pour tirer du dehors les substances ali-